You are currently viewing Covid-19 – Bientôt un an

Covid-19 – Bientôt un an

Cela fait bientôt 1 an que cette épidémie a commencé et nous voici depuis le début de la semaine dans une nouvelle période de confinement. C’est l’occasion de prendre le temps de regarder l’évolution de cette épidémie et de s’intéresser de près aux chiffres pour tenter d’y voir plus clair et surtout sans jamais oublier les vies que cela représente.

Bilan et évolution

Voici quelques chiffres clés concernant la Covid-19 en France.

Ces chiffres viennent du site Santé Publique France et du site Coronavirus-Statistiques, ils sont réactualisés quotidiennement. Ceux présentés dans cet article seront forcément obsolètes lorsque vous les lirez mais vous pourrez toujours consulter les chiffres du jour sur les sites précités.

Depuis le début de l’épidémie et en date du 5 novembre 2020, chiffres arrêtés à 14h :

  • 1 543 321 cas confirmés
  • 38 674 décès dont 26 595 hospitaliers

Dans les dernières 24 heures :

  • 40 558 cas confirmés
  • 394 décès à l’hôpital

Il y a 3042 clusters en cours d’investigation dont 912 en Ehpad.

L’évolution sur les trois derniers mois du nombre de décès :

  • Août : 370
  • Septembre : 1321 (+357%)
  • Octobre : 4832 (+365%)

On constate donc une évolution exponentielle plutôt importante sur ces dernières mois.
Pour novembre, au moment de la rédaction de ce dossier nous n’avons de données que pour les 4 premiers jours, on compte déjà  1886 décès supplémentaires et on peut donc déjà s’attendre à une augmentation encore une fois tout en souhaitant qu’elle soit moins importante compte tenu du confinement, car avec une évolution similaire à celle constatée entre septembre et octobre, on arriverait à 17636 décès en novembre.

Que peuvent dire ces chiffres ?

On le dit souvent : on peut tout faire dire aux chiffres.

Sur les réseaux sociaux notamment on peut voir régulièrement circuler une manœuvre qui consiste à comparer le nombre de décès à la population globale et de parler d’un taux de survie.

Si on arrondit à 38 000 le nombre de décès et qu’on calcule ce que ça représente sur une population de 67 000 000 d’habitants, on parlera d’un taux de mortalité de 0,05% et donc mécaniquement d’un taux de survie de 99,95%. Ces chiffres semblent tellement rassurant qu’ils nous invitent presque à ne plus du tout faire attention à ce virus.

C’est malhonnête ou/et inepte : On ne survit pas à une maladie qu’on n’a pas attrapés.
Le taux de mortalité et de survie se calculent évidemment sur le nombre de cas.
En reprenant les chiffres précédents, nous sommes à un taux de mortalité de 2,5%. Ce n’est toujours pas grand chose, mais c’est déjà 5 fois plus que ce qui avait été dit.

Il y a eu en France 49006 décès en septembre 2020 toutes causes confondues (Source : Insee), dont 1321 liés à la Covid-19 (Source), soit 2,7%. On est donc déjà au dessus des 2,5% trouvés plus haut qui incluent tous les décès depuis le début.

Mais si on reprend les chiffres du bilan juste au dessus, on a dans les dernières 24 heures 394 décès de plus, si on rapporte ça au nombre moyen de décès en France par jour qui est de 1650 (chiffres des 50 derniers jours), cela représente 23,9% de décès liés à la Covid 19 en une journée

C’est déjà bien plus alarmiste, mais c’est tout autant une manipulation puisqu’on compare un chiffre moyen avec un chiffre précis. Il faudrait connaitre le nombre exact de décès sur la même période, potentiellement supérieur à 1650. De plus une comparaison sur 24 heures n’est pas très pertinente, d’un jour à l’autre les variations sont trop importantes.

Ce qui est utile, c’est de regarder la progression des derniers mois et nous l’avons vu : nous avons une augmentation plus qu’inquiétante.

Les principaux clusters

Un cluster est un regroupement de cas constatés, c’est un terme anglais, on utilise ce terme à partir de 3 cas dans une période de 7 jours sur un même rassemblement de personnes, il peut donc s’agir d’une entreprise, d’un Ehpad, d’une classe, d’un club sportif, ou encore d’un simple rassemblement familial.

Les chiffres précédents parlaient de 3042 clusters en cours d’investigation au 5 novembre, sur son point épidémiologique hebdomadaire du 29 octobre 2020, Santé Publique France parle de 6250 clusters depuis le 9 mai, dont 2394 en cours d’investigation. Là aussi la progression est importante.

Les 5 types de collectivités les plus impactés :

  • Entreprises privées ou publiques (non classées par ailleurs) : 21,63%
  • Etablissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) : 17,95%
  • Milieu scolaire et universitaire : 17,04%
  • Etablissements de santé : 10,98%
  • Evènements publics ou privés: rassemblements temporaires de personnes : 6,42%

Il faut observer et analyser ces différents types pour essayer de comprendre d’où a pu venir la contamination.

En entreprise sans distinction de secteur, on concentre des personnes qui fréquentent leur famille, qui mangent probablement dans des restaurants, qui font des réunions de famille, les cas sont concentrés et recensés en entreprises, mais la contamination a pu se faire ailleurs.

De même pour le milieu scolaire, il serait intéressant de faire une distinction entre les différents établissements, les élèves d’écoles primaires ont probablement des comportements moins à risque que les adolescents ou jeunes adultes qui sortent surement plus, c’est peut-être une des raisons qui ont amené aujourd’hui à fermer les universités et non les écoles primaires.

Mais il ne faut pas confondre clusters et zones de contamination. Les cas rattachés à des clusters ne représentent que 10% des contaminations, en raison d’une circulation virale intense ne permettant pas d’identifier l’ensemble des clusters.

Les personnes âgées sont certes plus à risque, mais celles qui vivent dans les Ehpad ne se contaminent pas parce qu’elles ont un comportement à risque, le virus vient de l’extérieur, ce sont donc les visiteurs ou le personnel qui rapportent le virus malgré des protocoles très stricts, ce sont donc eux qui ont fréquenté des zones de contamination.

Le risque avec ces différents clusters c’est qu’en se multipliant ils augmentent la circulation du virus, un employé d’Ehpad contaminé mais asymptomatique reste contagieux, celui-ci peut très bien contaminer son enfant et son conjoint, l’enfant peut contaminer un enseignant, le conjoint travaille peut-être dans une grande entreprise et peut contaminer d’autres personnes… Et ainsi de suite. C’est de ça dont il est question lorsqu’on parle d’une épidémie.

Une maladie bien plus complexe qu’il n’y parait

On souhaiterait tous qu’une solution soit trouvée rapidement, mais il faut laisser le temps à la recherche de faire correctement son travail, notre impatience ne doit pas nous amener à croire les premiers chiffres rassurants d’une seule étude peu respectueuse de la méthode scientifique.

Les chercheurs continuent leur travail et font de nouvelles découvertes régulièrement sur la Covid-19, notamment au niveau des symptômes.

Les symptômes les plus connus sont :

  • la fièvre ou la sensation de fièvre (frissons, chaud-froid) ;
  • la toux ;
  • des maux de tête, courbatures, une fatigue inhabituelle ;
  • une perte brutale de l’odorat (sans obstruction nasale), une disparition totale du goût, ou une diarrhée ;
  • dans les formes plus graves : difficultés respiratoires pouvant mener jusqu’à une hospitalisation en réanimation voire au décès.

Source : Gouvernement.fr

Mais on en a observé bien d’autres, des éruptions cutanées, décoloration des doigts et orteils, perte d’élocution ou de motricité, divers troubles cognitifs, des atteintes neurologiques dont les cas les plus graves peuvent entrainer des crises convulsives, des AVC et des encéphalopathies.

Les conséquences peuvent durer des semaines voire des mois, on parle même de formes de Covid 19 longue.

Le plus troublant étant le grand écart entre les formes les plus graves et les formes asymptomatiques, ces dernières sont d’ailleurs citées en exemple pour dédramatiser la situation alors qu’il faut bien comprendre qu’un asymptomatique reste contagieux, ce qui est bien plus dangereux finalement puisque quelqu’un qui ne se sait pas malade ne sera pas plus prudent.

Des moyens, des mesures simples et une prise de conscience

S’il y a une gestion de crise discutable dans beaucoup de pays, il faut reconnaitre qu’il n’est pas évident de faire immédiatement les bons choix alors que les informations et données qu’on nous transmet changent du jour au lendemain.

Dans un pays comme la France où l’hôpital public réclame des moyens depuis des décennies et se trouve déjà saturé régulièrement, il est difficile de faire face à une telle épidémie.
Il est évident qu’il faut donner plus de moyens aux hôpitaux, c’est un réel problème de voir qu’on veut faire des économies dans ce secteur. Il faut espérer une prise de conscience rapide de la nécessité d’aider financièrement ces établissements à faire correctement leur travail et qu’on considère un peu plus l’ensemble du personnel.

Le premier confinement est arrivé pour éviter les débordements dans ces services de soin en ralentissant la croissance exponentielle constatée du nombre de cas, ce qui semble avoir été un succès.

Les gestes barrières sont simples à appliquer et efficaces. Ils sont là pour éviter la contamination de façon manuportée ou aéroportée.

Éviter les contacts et avoir une bonne hygiène des mains est une évidence qu’on rappelle chaque année pour la grippe ou la gastro-entérite, il en est de même avec la Covid 19.

La majorité des contaminations se ferait de manière aéroportée, c’est pour cette raison qu’on parle de pratiquer la distanciation et surtout privilégier le port du masque, qui visent principalement à protéger les autres, en bloquant les gouttelettes qu’on peut envoyer naturellement en parlant ou en toussant.

Le port du masque est obligatoire dans de nombreuses villes depuis fin août 2020 par arrêté préfectoral, beaucoup ont fait en sorte que le message soit largement diffusé, via des affiches dans les rues ou des panneaux à l’entrée des villes.

Malheureusement toutes les villes ne communiquent pas autant, et tout le monde ne respecte pas ces simples gestes barrières, il en est de même avec le confinement, mais c’est parce qu’une importante majorité le respecte que la situation n’est pas plus grave.

Pourtant ces mesures sont là pour protéger les autres, par respect et solidarité nous devrions tous les respecter. Elles sont peu contraignantes, deviennent vite un réflexe et limitent réellement la propagation du virus.

Si aujourd’hui un nouveau confinement a été décidé, c’est parce que le virus circule à nouveau beaucoup trop et que la situation dans les hôpitaux a empiré.

Avec une mortalité qui a baissé pendant le premier confinement et des discours parfois douteux visant à dédramatiser voire à nier cette épidémie, les gens se sont démobilisés oubliant la réalité de cette maladie. C’est ce comportement qui en partie nous amène à une remontée importante des cas et nous a amené pour les mêmes raisons à un deuxième confinement.

Ces décisions ne sont pas prises pour « porter atteinte à nos libertés », l’état n’a aucun intérêt à fermer les restaurants ou les magasins, les pertes économiques sont énormes, les conséquences terribles et certains secteurs ne survivront pas sans aides.
Nous ne sommes pas face à des « dictatures » qui souhaitent nous « museler » comme le clament certains mais face à des pays qui veulent éviter une catastrophe économique et sanitaire.

N’oublions pas que derrière ces chiffres il y a des humains. Il ne faut pas accepter les propos visant à dédramatiser la situation ou tentent de vous faire relativiser en parlant de « seulement 38 000 morts », si parmi ces 38 000 personnes il y avait un de leur proche, ces gens ne parleraient pas ainsi.

Ne laissons pas l’égoïsme ambiant nous contaminer, restons mobilisés à notre niveau, en respectant les protocoles dans les différents lieux que nous fréquentons, magasins ou entreprises, respectons ces simples gestes barrières que même nos enfants à partir de 6 ans arrivent à respecter sans difficulté.

Soyons solidaires.